le contribuable est prié de payer la note

Publié le par ottolilienthal

 

Bien avant le Covid, Pierre & Vacances-Center Parcs (PV-CP), n°1 des hébergements touristiques en Europe, pliait déjà sous les dettes (250 M€) et multipliait les déficits depuis plus de 10 ans. Puis vint mars 2020 et le Groupe dut tout fermer.  En Juin 2020, Pierre et Vacances-Center Parcs (PV-CP) fut sauvé in extremis par un Prêt Garanti par l’État (PGE) de 240 millions d’euros. Cette bouffée d’air fut de courte durée et quelques mois plus tard, le Groupe, après avoir utilisé toutes ses lignes de crédit (> 200 M€) dut recourir à des fonds d’investissement pour un nouveau prêt de 300 millions d’euros. En Mai 2021, PV-CP obtint un autre PGE de 34,5 millions d’euros, puis un autre en novembre 2021 de 23 millions pour Adagio, une filiale détenue à  50% par PV-CP. La fermeture de ses résidences de montagne durant l’hiver 2020-2021 puis des Center parcs et autres hébergements durant les vacances de Pâques mit le Groupe KO.  Il avait pourtant largement bénéficié du quoi qu’il-en-coûte du gouvernement (chômage partiel, exonérations de charges, et même remboursement de 70% des charges fixes et autres subventions). Mais les causes réelles de sa chute étaient structurelles.

 

A l’été 2021, PV-CP avait un pied dans la tombe : une dette de plus de 1,1 milliard d’euros, des pertes colossales en 2020 et 2021 ( - 675 M€), une pandémie qui n’en finissait pas, les créanciers qui cognaient à la porte et finalement une valorisation boursière réduite à seulement 60 millions d’euros. Gérard Brémond, fondateur et PDG du Groupe, avait besoin d’un apport massif de fonds et fit appel aux marchés financiers.  Quelques fonds d’investissement montrèrent de l’intérêt mais finalement une seule offre se présenta en décembre 2021. Les négociations sont en cours avec un groupe de trois fonds d’investissement dont deux fonds anglo-saxons, Alcentra et Fidera, spécialistes des cas désespérés, et Atream, un fonds spécialisé dans l’immobilier touristique. Les négociations doivent aboutir d’ici le 31 janvier 2022. Le trio entend apporter 200 millions d’euros de fonds propres et convertir 550 millions de dette en actions. Dans l’affaire, Gérard Brémond verrait sa participation réduite à 4%, lui qui avait été seul commandant à bord depuis plus de 50 ans. A 84 ans, il n’entend pas quitter le navire pour autant, se réservant un job bien payé dans la future structure.

 

Mais beaucoup vont y laisser des plumes, en commençant par les milliers de petits propriétaires de cottage qui ont été lésés de plusieurs mois de loyers.  Le deuxième dindon de la farce, c’est le contribuable. Car selon l’accord prévu, les trois PGE, garantis à 90% par l’État, soit environ 257 millions d’euros, ne seraient pas remboursés mais convertis en actions. Ainsi Bercy se retrouverait, bien malgré lui, actionnaire d’un Groupe qui accumule les pertes depuis 10 ans, traîne encore, après accord, une dette de 550 millions d’euros et dont l’avenir, dans les mains de fonds prédateurs installés dans des paradis fiscaux, est plus qu’incertain. C’est 257 millions d’euros d’argent public immobilisé, au pire volatilisé.

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