Marignan, 1515

Publié le par ottolilienthal

 

 

1515 ? Marignan, évidemment ! Tout le monde connaît cette date. C’est l’une des premières que l’on apprend à l’école. L’assonance est rigolote et facile à retenir, mais pourquoi cette bataille était-elle si importante ?

 

Faites le test autour de vous : demandez 1515, on vous répond du tac au tac Marignan. Et puis… Certains y rattachent encore quelques mots-clés, victoire, François 1er , Renaissance…

Mais en réalité, beaucoup méconnaissent le pourquoi de cette bataille légendaire, ses enjeux et ses conséquences. Décryptage avec l’historien Pascal Brioist, professeur des universités et membre du Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR).

Alors qu’une famille – les Sforza – gouverne le Milanais, en 1515, François 1er monte sur le trône de France. Et au nom de l’un de ses ancêtres (sa mère était la fille de Bonne de Savoie, ancienne duchesse de Milan), il poursuit d’emblée la conquête du Milanais entreprise par Charles VIII et Louis XII. « François 1er n’avait en fait pas tellement le choix, précise Pascal Brioist. Étant donné sa légitimité dynastique, s’il avait reculé, il aurait été considéré comme un roi faible. Donc il y va, avec ses rêves de grandeur, en s’imaginant en nouvel Alexandre. »

Deux forces participent au combat qui se déroule à Marignan (aujourd’hui Melegnano, à 16 km de Milan) : d’un côté, l’armée du roi de France, composée aussi de mercenaires allemands et d’alliés vénitiens, 40 000 hommes au total ; de l’autre, les Suisses et Milanais sont environ 25 000. Ils sont soutenus par le pape Léon X. Les mercenaires suisses ont la réputation d’être un véritable rouleau compresseur capable de mettre hors service la chevalerie lourde, en usant d’une technique de combat en carré, armés de pics de 6 mètres de long.

Cette fois, ce sont eux qui paient le plus lourd tribut. La moitié (10 000) y laisse la vie. La bataille, qui se déroule sur 2 à 3 kilomètres de front, fait 16 500 morts. Commencée le 13 septembre, elle aura duré seize heures.

La victoire est française. Et si elle est restée dans les mémoires, c’est parce qu’elle a des conséquences majeures. Territoriales, tout d’abord, avec la reprise du milanais pour dix ans ; religieuses ensuite : François 1er , fort de son prestige, signe le concordat de Bologne, qui régit les relations entre le Vatican et le roi, et donne à ce dernier un important pouvoir, notamment celui de nommer les évêques. Surtout, les conséquences sont culturelles : 1515, c’est l’entrée dans la période de la Renaissance, avec la diffusion de la pensée et de l’art italien. Nombre de peintres, architectes transalpins sont accueillis en France : Léonard de Vinci, le plus connu, mais aussi Dominique de Cortone, futur architecte de Chambord, et bien d’autres encore.

« François 1er lui-même en fait déjà un point central de la propagande de son règne, analyse Pascal Brioist. Même sur son tombeau, dans la basilique de Saint-Denis, un bas-relief exalte la bataille. » Et tout au long des siècles qui vont suivre, ce souvenir de Marignan va être entretenu, dans les différentes histoires de France. Notamment celle de Lavisse, dans les années 1880. À l’époque, l’histoire est un roman national. Il s’agit alors de relater la victoire du peuple de France.

Aujourd’hui, la façon de raconter l’histoire a changé. On insiste ainsi davantage sur l’ouverture à l’Italie et l’entrée dans la Renaissance. Mais Marignan est toujours là.

En savoir plus : www.marignan2015.fr

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